Dans ta toile

Dans ta toile
L 'ARAIGNEE TISSE LA FRAGILE TOILE DE LA VERITE .

mercredi 5 octobre 2011

Donne moi

            Paysage urbain, collectivités territoriales, commerces de proximité, éventail extravagant de lieux aussi personnalisés que similaires. Je pense aux garages de mécanique générale, antres béants d’un noir épais et huileux dont on ne voit pas le fond depuis la rue, plus claires les boulangeries avec leurs pains qui sèchent derrière la vitre et le manège incessant des bipèdes qui entrent et en sortent en salivant de plaisir. Il y a des vitrines partout, des larges, des étroites, des colorées, des décorées, des délavées, certaines brisées, d’autres contreplaquérisées, des gaies et des tristes fleuries ou fanées par des affiches de concerts ou de théâtre qui se collent et se bousculent sur les portes vitrées. Des étages d’étiquettes dans les vitrines immobilières. Belles photos de maisons, de mass, de villas, de pavillons, pas de cabanes, pas de yourtes, pas de piqueniques, mais pas de panique elles se creusent de piscines, des barbecues structurés, des antennes à tout capter, des serrures sécurisées, des alarmes pleines de larmes, des portails en acier, du béton hérissé.  Des maisons de garrigues, des maisons de montagnes, des maisons de poupées, ça vaut de l’or le mètre carré, des maisons de bord de mer avec vue sur salons et canapés en sky sur fond de murs fraîchement repeints et des boucheries réfrigérées, aseptisées, labellisées. Des boutiques de bonbons mimant des décors de bandes dessinées et des boutiques de fleuristes avec des sceaux en zinc plantés de bouquets multicolores, des roses aux lys, des ancolies aux anémones, des capucines aux centaurées, des chrysanthèmes aux chélidoines, et les fuchsias, les églantines, avec la digitale, pourpre. Et en dedans du magasin un labyrinthe vert foncé à l’air épais, dense, lourd des parfums mélangés, mais si calme, si apaisant, virginale régénération. Des échoppes à kébabs, des encoignures à friture, aux salons de coiffures pas de ratures, du snobisme à sushis, de temps en temps quelques marchands de fruits, bien polis, si cirés, sans défauts, d’aspect neuf et garantis sans gout du tout. Des écoles à pâlir jusqu'à se sentir malsaints, toutes nommées, canonisées, Sainte Lucile Saint Paul Notre Dame Saint Joseph Sainte famille Sainte Jeanne d’Arc Sainte Thérèse Saint François Régis Saint Jean Baptiste De La Salle et Calendreta  Candola. Je passe le square ou l'orchestre ne joue plus jamais mais ça jacasse aux terrasses des bars entre les chaises en plastique. Centre ville, bar de luxe autour de tables exquises, marbre froid, pieds noirs forgés de torsades, ceintes de meubles en rotins, ventres trapus au ras du sol qui attendent. Des gens y roupillent, lascifs, blasés. Vieux quartier des terrasses de cafés ou l’en s’en fout du mobilier pourvu que le serveur y coure toute la journée. Des librairies toujours gavées, remplies de papiers reliés ou les mots s’empilent en lignes affranchies, des libraires qui sentent le vieux papier, le vieux mot qu’on croyait oublié et des bureaux de tabac quand on aime faire la queue dans la fumée en zieutant sur les murs des magasines, des fanatics, des fanzines, allez je craque pour un mars ou pour un chewing’. Des pharmacies qui clignotent comme des manèges ou pareilles aux salles de jeux de Las Vegas, des vitrines de pharmacies avec des hanches des seins et des fesses de femmes pour donner envie de rester fraîche, des pharmacies avec des milliards de petites boîtes pour des gens palpitants de milliards d’émotions, des pharmacies pour faire oublier.

      Il y a aussi Des monuments, églises, cimetières, tribunaux, hôtels particuliers, bâtiments administratifs, des banques partout et des murs à argent, des lieux com’ça, sans vitrines, avec juste une pancarte discrète pour dire « ici il n’y a rien à vendre » mais ou souvent les choses y sont plus chères.
Et puis les musées, les galeries d’art, la boutique de l’horloger, la seul qui donne, donne, donne. Donne l’heure.

Dom

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