Dans ta toile

Dans ta toile
L 'ARAIGNEE TISSE LA FRAGILE TOILE DE LA VERITE .

jeudi 20 octobre 2011

R



Déjà ridicule en naissant, pourquoi devrais je m’en faire aujourd’hui du qu’en dira t on. Je suis né dans le rouge. En faisant gueuler et rager ma mère je lui ai déchiré le sexe, je suis né rouge. Nez rouge pervers. Coupable. Séisme congénital.
Ho ! Tu peux rouler des pelles à des vierges, tu ne rattraperas jamais ton acte néfaste de naissance. Roublard. Rustre. Opéra, toute ta putain de vie tu l’écriras opère en rat. Avec un T, pas un ^. Dieu soleil toi ? À la bonne heure ! À vrai dire roi ragnagna corrompu.
À  dire vrai c’est beau cette ruisselante source sans fin des R féminines. C’est beau quand on en sait le sens de renouveau - quand elle peut oublier le coté routinier, les lessives en plus, lessivée sans rien faire. "Colle toi au repos quand t’en en zone rouge et apprécie la beauté que tes R ne coulent pas par ta bouche. Ou pire, par tes yeux, pleurer des larmes de sang tous les mois, regard menstruel". La nature aurait pu être encore plus monstrueuse. Non, ta chatte, hygiéniquement absorbée, est bien à l’abri sous la Robe. Ou sous la jupe. Je préfère la jupe. La lettre R en mini jupe c’est tentant. Alléchant. Un accès aisé aux caresses, à l’amour, le cul à portée de la main. Une corruption pour les yeux mais…R en mini jupe je pense aussi ragnagnas et mini jupe ; confiture de mures et banana sexualité corrompue, pas de chance la salle de bains au lieu de la somnolence, la rage de la honte pervertie le plaisir consenti.
Et alors ? Je préfère ça ; l’amour en R, l’amour rouge, l’amour en règle, je préfère faire ça lorsque je vois en écoutant le flash des infos la robe avec en dedans le magistrat qui pourrit, le magistrat renégat qui corrompt le système, l’homme perfide à rayer du barreau, l’avocat véreux, marron, fourbe, l’avocat 5R.
S’il se donne justement, dans sa robe de rigueur autant de grands R, c’est que lui aussi se souvient du ridicule, se souvient de sa première lettre R. Rage. Rouge. Tous nés d’un sexe déchiré dans le hurlement des femmes. Redoutable viol à l’envers.
R : y revenir.
Cruelle beauté.      

                  Dom

        

lâcheté


Ça mitonne dans mon sang comme un ragoût
ça ne connaît pas d'apaisement
bon sang, la parole vraie ça compte non ? oui la vraie, celle forgée par le feu qui puise loin, fait souffrir et façonne jusqu'à la croûte, celle qui finit par nous relier à la terre et au ciel et nous rend plus humains, mais je ne peux pas lui expliquer ça, il ne comprendrait pas, au téléphone il ne parle que de choses sans importance : du temps qu'il fait ou fera, des amis venus au cours du week-end, des succès de ses enfants
et moi, je suis là et je tais ma colère

j'ai des raisons légitimes de lui en vouloir, ça oui (évidemment c'est très personnel, alors je ne sais pas si je dois)
en fait, je lui en veux parce qu'il n'a pas pris mon parti au moment où il le fallait, et maintenant il affirme qu'il a toujours eu confiance en moi, qu'à aucun moment il ne m'a imaginée coupable, il aurait dû prendre position face à celui ou celle qui m'accusait injustement — la chose était si dérisoire — et bien non, il ne l'a pas fait alors qu'il me connaît depuis toujours


une certaine forme de trahison

Y'en a qui sont lâches  
leurs mots se déforment et corrompent leurs visages, ils ne disent pas ce qu'ils pensent, ils ménagent la chèvre et le chou, en fait ils se cachent (en particulier les hommes), mais on ne peut pas vivre comme ça du matin au soir, et tout au long de l'année, il arrive forcément un moment où ça coince, et de plus en plus
des affaires qui ne peuvent pas s'arranger si on ne s'en occupe pas
avec un frère — ou une sœur — tout a commencé loin dans l'enfance, ce qui nous porte à croire qu'on est fait de la même trempe, mais c'est faux, le temps écoulé a construit des murs parallèles qui définissent des couloirs, des tunnels
tenez, lui : il vit classique avec femme et enfants, l'image même de l'équilibre que tout le monde envie — qui ne voudrait pas avoir des enfants aussi bien élevés, ah pour ça rien à dire, et si bien partis pour réussir  — eh bien moi j'ai beau faire, là-dedans je ne vois que du bluff
je lui en veux tellement de s'être égaré au point qu'il ne me connaît plus

j'ai bien peur que, mon frère et moi, on ne puisse jamais se dire la vérité, à cause des murs, à moins qu'on n'y perce des fenêtres à grands coups de hache…

lâcheté - ©Françoise Renaud, 2011

site offiel : www.francoiserenaud.com
Terrain Fragile, le blog de l’écrivain www.francoiserenaud.com/blog



lundi 17 octobre 2011

Armure

Écriture mon armure.

Mon art mure les murs de l’art.
Si je me murmure « mure », alors je mure.
Je mure les murs du bureau
le mur des barreaux des mots
le mur des maux bourreaux
jusqu’au mur de l’amour amer.

Dés que je mure je murmure
je murmure entre quatre murs
le sang sans sens s’emmure
le plafond des sens c’est la mort
voilà ce que je mesure mur après mur.

Si je veux la démesure alors mon art dé-mesure sans démesure.
Mon art démure
mon art abat les murs
abat le bureau trop mûr
à bas le mot sexe durs
ébats en mer d’amour
et l’amour mûr meurt
naît l’amour mère
sans armure
ni mur
juste
un
murmure
amour
art
A

mercredi 12 octobre 2011

Sans courbe

Coucou Dom, après lecture-découverte de tes textes sur le blog, je t'avais rédigé un commentaire mais ne connaissant pas bien les différents profils par lesquels publier ma réponse et dans l'attente de les maîtriser je te l'écris par mail ;

                Savoureuse lecture de ces textes-colères et....
...brusquement, saisie d'une envie folle de "flinguer", à boulets rouges, notre société 'incivile". Elle, qui construit avec une fébrile avidité, des bâtiments austères. Sans âme. Carrés ou rectangulaires. Des trucs de mecs déféminisés, sans courbes. Et ose encore y entasser étroitement au mètre carré des milliards d'euros et de dollars. Oui follement envahie d'une saine "ire" ! Vomir sur la logorrhée des gouvernants, qui promettent du bonheur en liasses et fustigent les sans-papiers, les sans-abris, les sans-travails les objecteurs de conscience et l'indignez-vous de Stéphane Hessel prend ici tout son sens !! Alors merci Dom pour ce lancement de missiles et puisse ce blog nous inspirer et nous tenir résistants !!!

Amitieusement.

    VDaï

vendredi 7 octobre 2011

Noêldorado

Les femmes noires, violées, portent le masque. Dessous grincent les dents. Elles auraient aimé rester vierges, vierges de dignité, pour les perles des bagues, pour les princes prophètes, pour l’homme Christ roi du piercing. Livide est le mur de la machine, les crânes noirs y font double tatouage ; femme mère, fille veuve.  Le fils dernier, à l’usine. 23 octobre avant JC, et déjà se profile la date ; 24 décembre 2011 il renait, le bébé à sa maman, un bébé a barbe, il ressemble à sa maman patrie ; pas une ride sur le voile de l’oubli, pas une ride sur le mur des folles machines, 2011 ans de couperose, 2011 ans de bagne, 2011 ans d’écriture avec le seul et même traitre mot ; travail.
Que ça dans l’oreille ; travail argent, deux pendentifs massifs qui bouclent l’oreille.
23 décembre avant JC, c’est ce soir, c’est ce noir, la nuque du monde se tend vers sa croix, son angle facial porte les yeux non sur la foi, sur le foie. Oie. Paupières farcies de bouffe et d’or fin.
        Elles marchent, elles marchent dans leur immense immobilité. Mon dieu elles font le tour du monde et le monde a cette même allure ; il fait le tour des femmes, ne les voit pas.
Les couleurs sont noires, le noir des orbites à l’heure de la prière sournoise aux banquiers de noël. Vestes blafardes sur jupes grimaces.  Des bas au teintes décrépites pour tenir les cannes au chaud, les cheveux tissés à un présent pervers séculaire immémorial funeste et sempiternel ; travail, tout au noir, rien aux femmes, maraudes privées de bijoux.
La pluie du plomb et des larmes des enfants du monde est leur seul vrai vêtement.
Les vils parapluies démocratiques protègent l’infâme des crachats, on les nomme secrets défense. De longs messieurs, noirs,  crânes sertis de beaux chapeaux, passent en limousines aux profils arrogants pour une visite du bout de l’arcade à leurs usines métal et poudre. Foudre. Foutre.
Et lorsque le feu s’éteint les jeunes mères en noir, mains atrophiées cachées dans les poches, rêvent d’un chemin musical ou JC n’aurait vraiment pas d’âge, elles rêvent d’une symphonie qui leur tord la bouche et de leur portrait sous l’ombre noire du masque on perçoit dans leur face un frémissement, on devine plutôt, un tremblement du menton, sous les voiles noirs serpentent des nids de reptiles qui étouffent les gorges. Et sous les jupes horrifiées se taisent les lèvres.
Au front pâle du mur de la machine d’acier une ardente cheminée bande sa fumerole de mort pour l’honneur et la gloire des présidents du monde à l’œil glacial et aux sourires commissionnés. Les présidents font un collier de mort au monde et les femmes en noir enténèbrent les sourcils du ciel.
JC, si tu viens vraiment demain 24 décembre 2011 dans les berceaux du monde, crève toi les yeux avant.

Dom

mercredi 5 octobre 2011

Donne moi

            Paysage urbain, collectivités territoriales, commerces de proximité, éventail extravagant de lieux aussi personnalisés que similaires. Je pense aux garages de mécanique générale, antres béants d’un noir épais et huileux dont on ne voit pas le fond depuis la rue, plus claires les boulangeries avec leurs pains qui sèchent derrière la vitre et le manège incessant des bipèdes qui entrent et en sortent en salivant de plaisir. Il y a des vitrines partout, des larges, des étroites, des colorées, des décorées, des délavées, certaines brisées, d’autres contreplaquérisées, des gaies et des tristes fleuries ou fanées par des affiches de concerts ou de théâtre qui se collent et se bousculent sur les portes vitrées. Des étages d’étiquettes dans les vitrines immobilières. Belles photos de maisons, de mass, de villas, de pavillons, pas de cabanes, pas de yourtes, pas de piqueniques, mais pas de panique elles se creusent de piscines, des barbecues structurés, des antennes à tout capter, des serrures sécurisées, des alarmes pleines de larmes, des portails en acier, du béton hérissé.  Des maisons de garrigues, des maisons de montagnes, des maisons de poupées, ça vaut de l’or le mètre carré, des maisons de bord de mer avec vue sur salons et canapés en sky sur fond de murs fraîchement repeints et des boucheries réfrigérées, aseptisées, labellisées. Des boutiques de bonbons mimant des décors de bandes dessinées et des boutiques de fleuristes avec des sceaux en zinc plantés de bouquets multicolores, des roses aux lys, des ancolies aux anémones, des capucines aux centaurées, des chrysanthèmes aux chélidoines, et les fuchsias, les églantines, avec la digitale, pourpre. Et en dedans du magasin un labyrinthe vert foncé à l’air épais, dense, lourd des parfums mélangés, mais si calme, si apaisant, virginale régénération. Des échoppes à kébabs, des encoignures à friture, aux salons de coiffures pas de ratures, du snobisme à sushis, de temps en temps quelques marchands de fruits, bien polis, si cirés, sans défauts, d’aspect neuf et garantis sans gout du tout. Des écoles à pâlir jusqu'à se sentir malsaints, toutes nommées, canonisées, Sainte Lucile Saint Paul Notre Dame Saint Joseph Sainte famille Sainte Jeanne d’Arc Sainte Thérèse Saint François Régis Saint Jean Baptiste De La Salle et Calendreta  Candola. Je passe le square ou l'orchestre ne joue plus jamais mais ça jacasse aux terrasses des bars entre les chaises en plastique. Centre ville, bar de luxe autour de tables exquises, marbre froid, pieds noirs forgés de torsades, ceintes de meubles en rotins, ventres trapus au ras du sol qui attendent. Des gens y roupillent, lascifs, blasés. Vieux quartier des terrasses de cafés ou l’en s’en fout du mobilier pourvu que le serveur y coure toute la journée. Des librairies toujours gavées, remplies de papiers reliés ou les mots s’empilent en lignes affranchies, des libraires qui sentent le vieux papier, le vieux mot qu’on croyait oublié et des bureaux de tabac quand on aime faire la queue dans la fumée en zieutant sur les murs des magasines, des fanatics, des fanzines, allez je craque pour un mars ou pour un chewing’. Des pharmacies qui clignotent comme des manèges ou pareilles aux salles de jeux de Las Vegas, des vitrines de pharmacies avec des hanches des seins et des fesses de femmes pour donner envie de rester fraîche, des pharmacies avec des milliards de petites boîtes pour des gens palpitants de milliards d’émotions, des pharmacies pour faire oublier.

      Il y a aussi Des monuments, églises, cimetières, tribunaux, hôtels particuliers, bâtiments administratifs, des banques partout et des murs à argent, des lieux com’ça, sans vitrines, avec juste une pancarte discrète pour dire « ici il n’y a rien à vendre » mais ou souvent les choses y sont plus chères.
Et puis les musées, les galeries d’art, la boutique de l’horloger, la seul qui donne, donne, donne. Donne l’heure.

Dom

Si j'avais su


Avant de lire le texte, lire ceci: Wikipedia - Wiktitionnaire:      En………!  (Argot) (Vulgaire) Quelqu'un de malhonnête, de mauvaise foi, sans honneur, sournois.
fr.soc.politique janvier 2006.- Quel est …….. qui m'a tiré dessus ?


                        Si j’avais su, je n’aurais pas été à la Faculté de lettres. Plutôt dans une autre matrice formatrice, une école quoi, un quelque part plus rude en tout cas que l'université Paul Valéry, un autre concept, plus viril que les mots, je veux dire plus viril que les mots du poète ou de l’écrivain robot qui s’apitoie sur lui-même et sur le monde, ou le journaliste déshérité qu’on emprisonne, à cause des mots.
   Si j’avais su j’aurais fait science, je ne sais pas comment elle se nomme exactement cette science à laquelle je pense, science pharmaceutique je dirais, oui c'est ça pharmacien, en laboratoire d'état j’aurais une belle blouse toujours blanche blanchie par un lobby, surpayé que je serais par son logo, et je m’amuserais bien davantage avec les éprouvettes et les poisons légaux que dans mon salon rien qu’avec un stylo et du papier claire fontaine de supérette en ramette promo de 500.
   Si j’avais su, j’aurais fabriqué des médicaments qui tuent. Médiator, Cruxificator, Ecartelator, Enculador…médaille d’or, qu’importe l’horreur. Ce n’est pas la dignité qui est demandée, c’est la rentabilité, alors l’honneur…
   Si j’avais su, j’aurais provoqué des petites frayeurs que des amis médias et de science pot auraient montées en pandémies et je serais riche, tranquille. Célèbre et protégé.
            Si j’avais su, enfant, à noël, quand on me demandait ce que je voulais - les seules fois d’ailleurs ou on s’inquiétait de mes désirs - je n’aurais pas demandé un stupide train électrique qui tourne en rond et ne va jamais nulle part comme moi aujourd’hui, non, j’aurais demandé une panoplie. Celle du parfait enculé.

   Si j’avais su que je ne savais pas alors j’aurais su que le monde est très vaste et qu’il nous y est tout permit. Tout. A condition d’avoir obtenu un diplôme et une panoplie d’état.

   Si j’avais su, au lieu d’animer des ateliers d’écriture et d’y grignoter des grenades d'orient et des châtaignes Cévenoles en guise de caviar j’aurais vendu des sous marins atomiques et des armes de destruction humaine massive à des gens qui n’en n’ont nullement besoin, au moins j’aurais fait quelque chose de grand, quelque chose de médiatisable.

   Si j’avais su qu’il existait des écoles nationales pour devenir un enculé diplômé d’état j’aurais mieux étudié au lieu de jouer au ballon avec les filles du village. Et aujourd’hui au lieu d’écrire mon aversion de moi-même dans mon humble et misérable atelier d’écriture non médiatisable c’est moi qui vendrais à la Corée du nord à la Libye à la Cote d’Ivoire les missiles nucléaires, plus la grosse marchandise mortellement toxique pour les enfants et les mères ; Madame H 2011. Coûte super cher : http:// ww.bombenucléaire.cons. Et c’est aussi moi qui vendrais aux 28000 soldats américains stockés en Corée Sud, Tout.
Et demain caviar.

            Si j’avais su que la mort et la maladie ça se tripote et ça se vend aussi aisément que les haricots verts en boîtes dans les épiceries du coin j’aurais fait commerce international et non Paul Valéry. Aujourd’hui, en tant que pauvre animateur socio culturel rehaussé au RSA j’ai droit à une formation en vu de recyclage, on dit reconversion pour un matériau humain.
Re  con – con à nouveau – version.
Version enculé.
Je veux être un enculé national diplômé, s’il te plait mademoiselle Paule, dis moi quel organisme d’état forme à ça.
 Elle ne sait pas, Paule Emploi, elle est comme moi ; on ne sait pas enculer. Ce qu’on on sait, c’est qu’on se laisse enculer. Et c’est nettement moins bon le pâté Lidelprice que le caviar Fauchon.
   Si j’avais su que de telles écoles existaient et diplômaient sans scrupule tout en sachant certains aboutissements j’aurais trahi ma famille dés l’âge de quatre ans.
Si j’avais su…mais je sais…maintenant…puisque je viens de l’écrire, je sais que j’ai de la chance ; je n’irais plus jamais à l’école.


                                                                       Dom.J